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Homélie N.D. de la Miséricorde La Madonuccia

Mes amis,

En ce jour de fête pour notre ville, sous le regard de la Madonuccia, ce terme familier et affectueux que nous donnons à Marie, je voudrais souligner trois aspects de la fête qui peuvent nous aider à devenir meilleurs, et, vous le savez, c’est le but de notre vie.


Ecouter

Lors de nos messes et célébrations à l’Eglise nous pouvons avoir une tentation. Puisque nous connaissons nos rites, la structure de la messe, le fil rouge…et puisque nous connaissons la fin, le « happy end », nous risquons de nous habituer à la tradition, nous risquons de surfer sur la célébration sans nous immerger en elle, sans goûter, finalement la nouveauté qu’elle apporte à nos vies. Ainsi on « va » à la messe mais on ne « vit » pas la messe.

La pédagogie chrétienne et la spiritualité évangélique mettent à la première place l’écoute. Oui, cela peut sembler simple mais c’est fort complexe. Ecouter qui ? écouter comment ? pourquoi écouter ?

L’être humain est initié à l’art de la parole et du dialogue par l’écoute. Combien de fois on dit aux enfants « écoute », combien de fois on répète les termes, les mots. Sans l’écoute on ne grandit pas, on ne communique pas on plonge dans un hermétisme relationnel.

A la messe on écoute la Parole de Dieu. Dans l’ordinaire, nous voyons combien de paroles plus au moins ajustées, plus au moins saines, plus au moins vraies, plus au moins bienveillantes bombardent nos vies. Nous recevons l’impact des mots dans notre monde intérieur parfois nous sommes édifiés et parfois blessés. Dans notre société où l’on confond parfois intensité et rapidité, les paroles circulent dans nos têtes d’une manière anarchique. Nous manquons de filtres et de discernement.

Et justement, la Parole de Dieu, vient mettre de l’ordre dans nos vies intérieures pour être plus sereins et pacifiés. Comme au commencement du monde, Dieu ordonne, sépare, ajuste. Dieu fait passer du chaos au cosmos, désordre à l’ordre par la Parole : Dieu dit et cela fut. Si les paroles des hommes peuvent de temps en temps vouloir dominer, manipuler ou séduire, la Parole de Dieu libère et aide à grandir.

Le mouvement

Dans l’Evangile très connu de la Visitation, après l’Annonciation, Marie se met en mouvement. Elle bouge. Elle n’est pas paralysée par son expérience mystique. Sa cousine a besoin d’elle. Celui qui aime s’oublie soi-même et se met au service du prochain. Plus l’homme est proche de Dieu, plus il est proche des hommes. Marie porte Jésus en elle, elle incarne l’Amour de Dieu. Se rapprocher de Dieu dans la vie spirituelle ne signifie pas s’éloigner des autres. Le mouvement de Marie nous dit quelque chose d’essentiel pour notre vie chrétienne. Dans son attitude nous reconnaissons l’exemple le plus limpide et la signification la plus véritable de notre chemin de croyants et du chemin de l’Eglise. L’Eglise est par nature missionnaire, appelée à annoncer l’Evangile partout et toujours, à transmettre la foi à chaque homme et à chaque femme et dans chaque culture.  Le mouvement de Marie est un authentique voyage missionnaire. C’est un voyage qui la conduit loin de chez elle, qui la pousse dans le monde, dans des lieux différents du sien, elle va au loin, elle laisse ses habitudes ordinaires. Elle arrive dans le monde de sa cousine, elle découvre une autre réalité et elle se donne à cette famille.C’est précisément là, pour nous aussi, que réside le secret de notre vie de chrétiens. En tant que chrétiens et en tant qu’Eglise, notre existence est une existence projetée en dehors de nous. Comme cela était déjà arrivé à Abraham, il nous a été demandé de sortir de nous-mêmes, des lieux de nos sécurités, pour aller vers les autres, dans des lieux et dans des milieux divers. Marie ose partir et risquer l’aventure chez sa cousine.

Nous chrétiens, nous devrions oser aujourd’hui plus que jamais, le chemin vers les autres. Il ne s’agit pas de diluer nos personnalités ni de vivre une comédie relationnelle, il s’agit de découvrir avec respect et bienveillance l’univers de l’autre, l’univers de mon frère, l’univers de mon prochain. Connaître et comprendre l’être de l’autre est une sublime expérience humaine et spirituelle demandant une qualité certained’écoute, de dialogue et de rencontre.

La présence

Elisabeth fut assistée plus de trois mois par Marie, devenant ainsi le symbole de tant de personnes qui ont besoin d’aide et d’amour. Il y en a tellement dans nos villes, nos communautés et nos familles ! Marie ouvre la voie pour être avec l’autre et pour lautre. Marie se détache d’elle-même pour se donner à l’autre.

Marie apporte sa présence à Elisabeth. Cette présence est qualitative, il y a de la joie, de la vie. Marie communique Jésus qui est le véritable et unique trésor que nous avons à donner à l’humanité. C’est de Lui que les hommes et les femmes de notre époque ont une profonde nostalgie, j’en suis convaincu, même lorsqu’ils semblent l’ignorer ou le rejeter. C’est de Lui qu’ont un grand besoin la société dans laquelle nous vivons, à Ajaccio, en Corse, en Europe et dans le monde entier.

Dans le langage de Marie et d’Elisabeth il n’y a pas de jugement, ni des condamnations, ni de violence. Au contraire, elles communiquent la douceur, la tendresse, la joie. Tu es bénie Marie, ton fils est béni…dit Elisabeth ; Mon âme exalte le Seigneur, le puissant fit pour moi des merveilles, répond Marie. Ces termes nous semblent un peu pieux et étranges, sans doute, parce que nous devenons étrangers à la bonté des origines. Comme la Madonuccia par sa présence a parlé de protection et de compassion envers les habitants d’Ajaccio. Aujourd’hui, c‘est à nous qu’est confiée cette responsabilité extraordinaire. La responsabilité d’écouter et de parler avec bienveillance et justesse, sans artifices. Cette responsabilité est un engagement que nous devons vivre avec joie, afin que notre civilisation soit véritablement une civilisation où règnent la vérité, la justice, la liberté et l’amour, piliers fondamentaux et irremplaçables d’une véritable coexistence ordonnée et pacifique. 

Comme disait Mandela : pour faire la paix avec un ennemi, il faut travailler avec lui, et alors, cet ennemi devient votre associé.

Madonnuccia, Mère de Miséricorde, tant de réalités portent ton nom dans notre ville. Inspire-nous des comportements de communion. Etend ton manteau sur notre ville et sur notre ile pour nous protéger de l’anti-miséricorde, de la violence et de la haine.

Le génie féminin de Marie, si célébré dans toute la Corse, peut penser les blessures du passé pour écrire des nouvelles pages dans une mémoire purifiée pour bâtir une vie sociale pacifique.

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