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Des prêtres mariés ?

Les difficultés que traverse l’Église actuellement suscitent de nombreuses réactions, ce qui est plutôt bon signe : nous sommes nombreux à ne pas nous désintéresser de son avenir !  Certains voient dans cette crise l’occasion de repenser totalement l’Église, sa structure, son fonctionnement, son mode de gouvernance… S’il s’agit d’entendre ce que l’Esprit dit aux Églises, je dirais : n’ayons pas peur de nous remettre en question ! On sait en effet à quelles impasses peuvent conduire une vision figée de la Tradition et la peur de toute nouveauté. 

Certains avis cependant me laissent perplexe. Je me demande si nous ne retombons pas dans notre vieux démon : l’obsession de donner une bonne image de l’Église au lieu d’annoncer le Christ à temps et à contretemps. Parmi les nouveautés proposées, figure l’ordination d’hommes mariés. La question est ouverte puisque cette discipline — il faut le rappeler — existe déjà dans les Églises catholiques de rite oriental. Autrement dit, il n’est pas interdit d’être favorable à cette évolution. 

Certains la considèrent nécessaire en particulier parce que les abus sexuels commis par des prêtres seraient liés à leur célibat. Il faudrait que le prêtre puisse se marier, être « comme tout le monde » et finalement « désacralisé ».  

En réalité, l’immense majorité des cas d’abus sexuels n’est pas le fait d’hommes célibataires. Mais, plus fondamentalement, cette proposition semble ignorer « les motifs du choix pluriséculaire que l’Église d’Occident a fait et qu’elle a maintenu, malgré toutes les difficultés et les objections soulevées au long des siècles »1  de n’ordonner au sacerdoce que des hommes célibataires. Le prêtre, en effet, qui est « placé non seulement dans l’Église, mais aussi face à l’Église », est appelé à « revivre l’amour du Christ époux envers l’Église épouse »2  en ayant un cœur « sans partage envers Dieu et le peuple de Dieu ». C’est pourquoi, le célibat du prêtre est « un don inestimable de Dieu à l’Église et représente une valeur prophétique pour le monde actuel »3, comme l’a rappelé récemment le pape François. 

Lutter contre toute forme de cléricalisme est évidemment nécessaire. Mais est-ce d’avoir « sacralisé » le prêtre qui a poussé certains à perdre la grâce de leur ordination ? N’est-ce pas plutôt le contraire ? A force de faire du prêtre un homme comme un autre, on en a poussé plus d’un à remplacer l’oraison par la télévision. A force de désacraliser la liturgie, on en a conduit d’autres à perdre de vue la grandeur de leur sacerdoce. 

Il faudra, certes, toujours veiller à ce que le sacerdoce ministériel ne soit pas vécu avec autoritarisme, comme « une supériorité par rapport au sacerdoce commun »4 — et une réflexion dans ce sens est légitime — mais sans oublier que ce sacerdoce ministériel donne aux prêtres, un « pouvoir sacré » pour être « au service de leurs frères » afin qu’ils « parviennent au salut »5, comme le dit le Concile Vatican II.  

N’espérons pas susciter les vocations sacerdotales dont nous avons besoin en faisant du prêtre un homme ordinaire. C’est plutôt en découvrant « que le prêtre est quelque chose de grand ! », comme disait le curé d’Ars, que des jeunes pourront faire le choix prophétique de donner leur vie en devenant prêtre. N’opposons pas la nécessaire proximité du prêtre avec les gens, son humilité et sa pureté à la grandeur de son sacerdoce. Car, comme l’écrivait Jean-Paul II, c’est en étant « témoin de l’amour sponsal du Christ » que le prêtre sera « capable d’aimer les gens avec un cœur nouveau, grand et pur »6.

Olivier de Germay
Evêque d’Ajaccio



1 Pastores Dabo Vobis, 29
2 Pastores Dabo Vobis, 16
3 Pastores Dabo Vobis, 29
4 Directoire pour le ministère et la vie des prêtres, 6
5 Concile Vatican II, Lumen Gentium, 18
6 Pastores Dabo Vobis, 16

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