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La sainteté : une utopie ?

Nous venons de fêter la Toussaint. En portant notre regard sur les saints illustres, la sainteté peut nous sembler réservée à une toute petite élite… et que dire de la sainteté de l’Église, quand l’histoire et l’actualité nous montrent tant de dérapages criminels en son sein ?
Dans la seconde partie du Gloria de nos messes, nous nous adressons au Christ et nous chantons : « Car toi seul es saint, toi seul es Seigneur… » En effet, le Christ Dieu, parfaite image du Dieu saint notre Père, est pour chaque être humain la seule source de sainteté. La lettre aux Éphésiens 1, 4 nous l’enseigne : « Dieu nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. » Il s’agit de nous laisser revêtir de la sainteté du Christ, le « vêtement de noces » de la parabole de l’évangile de s. Matthieu 22, 11. « Vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ. » (Galates 3, 27)
Pour revêtir jour après jour la sainteté du Christ, dans notre prière nous devons demander à l’Esprit Saint qu’il déploie en nous la grâce de notre baptême, affermie par la confirmation, renouvelée par le sacrement de réconciliation et couronnée par l’Eucharistie. Il n’y a pas de sainteté sans prière, prière des pauvres de cœur, prière qui mendie chaque jour la lumière et la force de l’Esprit. De plus, l’Esprit Saint nous montre le chemin de sainteté par les paroles et par l’exemple du Christ. « L’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit », nous dit Jésus dans l’évangile de s. Jean 15, 26. La sainteté se fonde ainsi sur l’écoute et la mise en pratique de la Parole. Voici le témoignage de la lettre aux Ephésiens 5, 25-26 : « Jésus a aimé l’Église, il s’est livré lui-même pour elle, afin de la rendre sainte en la purifiant par le bain d’eau, par la Parole. »
Osons donc parler de « sainte Église » ! Elle est sainte, car elle est le Corps du Christ. En elle, le Christ se manifeste et se donne, à travers l’Écriture et par les sacrements ; il est aussi présent dans l’amour vécu par les baptisés, dans la foi des chrétiens au long des siècles et dans l’espérance de ceux qui comptent envers et contre tout sur la fidélité de Dieu notre Père. Pour autant, l’Église est une famille de pécheurs, à la fois porteuse de la sainteté du Christ et constamment marquée par les péchés de ses membres. Ce constat nous invite à une grande humilité : nous, baptisés et membres du Christ, « ce trésor, nous le portons comme dans des vases d’argile ; ainsi, on voit bien que cette puissance extraordinaire appartient à Dieu et ne vient pas de nous ». (2 Corinthiens 4, 7)
Quand Jésus nous dit, dans l’évangile de s. Matthieu 5, 48, « vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait », quelle perfection demande-t-il ? La désespérante utopie d’être irréprochables ? Non. « Parfait » signifie « pleinement accompli ». Notre « perfection » ne sera pas d’être sans péché sur cette terre — quel saint a prétendu être sans péché ? — mais de nous accomplir dans l’amour, avec notre regard fixé sur Jésus. Notre « perfection » sera notre ferme volonté de pratiquer l’Évangile. Nous resterons lucides sur nos limites et sur nos fautes, gardant une confiance absolue dans la miséricorde de celui qui a porté nos péchés, qui nous relève et nous purifie sans cesse par son Esprit. Sainte Thérèse de Lisieux le dit de façon lumineuse : « Oui je le sens, quand même j’aurais sur la conscience tous les péchés qui se peuvent commettre, j’irais, le cœur brisé de repentir, me jeter dans les bras de Jésus, car je sais combien il chérit l’enfant prodigue qui revient à lui. »
La sainteté, pour l’Église et pour chacun de nous, c’est donc peut-être d’abord vouloir chaque jour nous convertir, pour passer sans cesse du péché à la ressemblance du Christ, en étant conscients de nos faiblesses : émerveillés et joyeux de l’amour que Jésus nous porte sans condition, reconnaissons nos ténèbres ; laissons-nous pardonner, porter, transformer par le Christ à son image, lui, le bon berger qui sans cesse va à la recherche de sa brebis perdue et sans cesse la ramène sur ses épaules. (cf. Luc 15, 4-5) 

P. Jean-Yves Coeroli

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