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A la rencontre du père Micaletti…

Toujours souriant et proche de ses paroissiens, l’abbé Micaletti a fêté le 8 juillet dernier, 50 années de sacerdoce au service de l’Eglise, partons à sa rencontre … 

Dans votre sacerdoce, pouvez-vous évoquer une action ou un souvenir caractéristique marquant pour votre foi ?

En cinquante années de ministère ce sont les rencontres, les événements qui ont marqué ma vie de prêtre. Il est difficile de mettre en avant tel ou tel souvenir ! Pourtant une femme, ancienne sage-femme, atteinte de sclérose en plaques, m’a marqué et fait grandir dans la foi : quand j’entrais dans sa chambre à son domicile, son visage souriant, sa joie de recevoir le Christ dans la communion, sa sérénité, sa sérénité, son recueillement me faisaient entrer dans une paix indescriptible et je repartais le cœur gonflé de joie. Beaucoup de prêtres pourraient raconter ces rencontres exceptionnelles.

Qu’est-ce qui vous a rendu heureux au long de ces 50 années de ministère ? 

J’ai été ordonné le 29 juin 1968, mais ce n’est pas le mois de mai 68 qui m’a façonné. Le concile Vatican II s’était achevé. Pendant mon séminaire, cet événement de l’Eglise, « qui sera le plus grand du XXe siècle » aux dires du général de Gaulle, a imprégné mon sens de l’Eglise ; c’est comme si mes yeux avaient été incisés, je découvrais « l’Eglise peuple de Dieu ». Ce n’était pas nouveau : mais cette fois-ci, les mots étaient plus forts, plus pénétrants et ouvraient des perspectives insoupçonnées.

Le ministère sacerdotal nécessite la rencontre avec Celui qui nous appelle à son service et au service de tous les hommes : le Christ Seigneur ! Sans la prière, nous brassons de l’air. Si j’ai eu des moments de lassitude, ce n’était que passager : la joie de vivre l’a toujours emporté, pris le dessus ! Je donne une grande place à la Parole de Dieu, car c’est pour moi la présence du Seigneur — et c’est une conviction forte — en sa Parole, comme il est présent dans l’Eucharistie : il devrait exister des temps « d’adoration de la Parole ».

Je n’ai jamais dit non à l’Eglise, même si certaines fois cela a été difficile d’accepter des responsabilités. Comme vicaire général de Mgr Lacrampe, cela a été un bonheur de partager « son travail d’évêque » avec les soucis, les difficultés, mais aussi des projets réussis : c’était un homme de foi, de prière, un travailleur Apôtre, simple, joyeux d’une joie communicative…

Les différents ministères que j’ai accepté d’accomplir ont été pour moi l’occasion de vivre un sacerdoce qui ne m’appartient pas : il est un don, une grâce. La « fidélité » à l’Eglise on la reçoit : c’est l’Esprit Saint qui nous habite, « puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné ». (Romains 5,5)  Sur l’image de ce jubilé j’ai voulu marquer la date de mon baptême : Dieu m’a appelé à être son enfant et frère de son Bien-Aimé, Jésus. J’ai été appelé à être prêtre pour faire rencontrer le Christ à mes frères, mais cela n’est pas à sens unique : tout baptisé est « prêtre, prophète et roi ». Et c’est donc avec cette Eglise « Corps du Christ » que j’ai essayé de travailler à l’évangélisation. Ma grande joie et mon grand souci ont été d’appeler des fidèles laïcs et de travailler avec eux. Sans eux on tombe dans le travers du prêtre jupitérien, du prêtre patron, ou qui simplement utilise les autres. La prière, la louange, l’évangélisation se doivent d’être partagés. C’est avec les autres que les projets pastoraux prennent une véritable dimension ecclésiale. La source de notre ministère est l’Eucharistie — sans elle « notre vie tombe en ruine ».

Comment voyez-vous l’avenir des communautés chrétiennes ? 

Il y a une pénurie de prêtres ! Je me pose depuis longtemps la question : pourquoi le Seigneur ne répond-il pas à nos suppliques, comme il nous a demandé de le faire ? Il voit bien que nous manquons de prêtres. Nous avons tous des arguments pour justifier le manque de prêtres : manque de foi, beaucoup d’enfants non catéchisés, familles moins nombreuses, société matérialiste, consumériste, l’individualisme… Mais n’y a-t-il pas une autre question à se poser ? Le Seigneur ne veut-il pas une autre manière de vivre l’Eglise ? Certes, dans la fidélité à l’Evangile et au magistère ! Mais aussi dans un partage plus grand avec nos frères baptisés. A-t-on le courage d’oser une plus grand confiance aux laïcs en les considérant comme des frères auxquels l’Esprit est donné en partage en vue de la mission, de la charité, en vue d’être disciples du Christ avec les ministres ordonnés ?

J’ai « pris de l’âge » mais je suis un vieux qui a un avenir, que ne vit pas dans la nostalgie du passé… un avenir entre les mains du Seigneur… C’est ce qui me rend heureux : vivre le moment présent que Dieu vit avec nous.

Merci à tous et à toutes pour vos prières fraternelles et votre amitié.

Propos recueillis par François Grimaldi d’Esdra. 

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