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Homélie de Monseigneur de Germay pour l’ordination d’A. Peretti

APC’est beau que nous ayons pu entendre ce récit des disciples d’Emmaüs pour cette messe d’ordination. On y voit comment Jésus fait passer ces deux hommes de la tristesse à la joie, de la déception à l’espérance, de la résignation à l’annonce de la résurrection. Antoine, ce sera aussi votre mission.

Dans ce récit, Jésus est pasteur, docteur et prêtre. Il est pasteur en accompagnant ces deux hommes, en les guidant vers la source d’eau vive ; il est docteur en les enseignant, en ouvrant leur cœur à l’intelligence des Ecritures ; il est prêtre en les initiant à l’eucharistie. Antoine, ce sera votre mission. Vous devrez guider, enseigner et sanctifier les fidèles dont vous aurez la charge. 

Dans ce récit des disciples d’Emmaüs, tout bascule avec la fraction du pain. La route qu’ils ont parcourue les a conduits jusqu’à-là ; c’est un sommet. Et en même temps c’est une source, un point de départ ; c’est à partir de là qu’ils deviennent missionnaires. Rentrés à Jérusalem, « ils racontaient comment le Seigneur s’était fait reconnaitre d’eux à la fraction du pain ».

Antoine, mettez la fraction du pain, c’est-à-dire l’eucharistie,  au cœur de votre vie, au cœur de chacune de vos journées. Vous avez dit que vous trembliez à l’idée de célébrer la messe. Demandez la grâce de ne jamais vous habituer. Approchez-vous de l’autel avec crainte, avec cette crainte de Dieu dont parlait l’apôtre Pierre dans la 2e lecture ; cette crainte qui n’est pas la peur, mais le sentiment d’être totalement indigne de ce mystère ; la conscience de vous approcher de quelque chose qui vous dépasse complètement.

Jésus passera par vous pour rendre présent son mystère pascal. Tout votre ministère est là. Vous aurez beau parcourir les routes du Taravo ou de l’Ornano jour et nuit, vous aurez beau vous dépenser corps et âme pour répondre aux nombreuses sollicitations du ministère, vous aurez beau avoir tous les charismes possibles, ce n’est pas ça qui sauvera le monde. Seul le mystère de la mort et de la résurrection du Christ sauve le monde. Et ce qui est fou, c’est que le Seigneur voudra passer par vous pour rendre présent ce mystère.

Ne vous habituez jamais. Célébrez l’eucharistie avec foi et dignité. Respectez la liturgie telle qu’elle vous est donnée aujourd’hui par l’Eglise. Adorez le Seigneur présent dans l’eucharistie, au cours de la messe et en dehors. Allez souvent le visiter au tabernacle, de jour ou de nuit, d’une façon visible ou cachée. Sans Jésus-eucharistie, vous n’êtes rien.

Aimez l’eucharistie et faites-là aimer. Comme Jésus avec les disciples d’Emmaüs, conduisez ceux dont aurez la charge à l’eucharistie. Pour cela, comme Jésus, il vous faudra les rejoindre sur leur chemin, les laisser parler de leur vie, de leurs joies, de leurs déceptions, de leurs attentes, de leurs souffrances. Apprenez-leur à lire la Parole de Dieu, à entrer dans l’intelligence des Ecritures ; aider-les à vaincre leurs réticences devant le mystère de la Croix. Conduisez-les à l’eucharistie et là, effacez-vous devant Jésus ; permettez-leur de le reconnaitre à la fraction du pain.

L’eucharistie rend présent le mystère pascal, mais elle n’est pas un spectacle auquel on assiste inactif. A chaque messe, le Seigneur nous entraîne dans le don qu’il fait de lui-même, et dans son offrande au Père. Vous devrez apprendre aux fidèles à faire de leur vie une offrande et à offrir au Père, par vos mains, le sacrifice d’amour du Christ.  

Mais vous ne pourrez le faire que si vous-même avez une vie eucharistique. Antoine, que toute votre vie soit eucharistique. Donnez-vous en nourriture ; un prêtre est fait pour être mangé. Donnez-vous, non pas au sens d’un activisme stérile, mais en aimant ceux qui vous sont confiés. Aimez les gens ; aimez-les de l’amour que l’Esprit Saint déposera dans votre cœur. Parfois ils vous loueront, parfois ils vous feront souffrir ; aimez-les toujours. Faites preuve de miséricorde envers tous, spécialement envers les pauvres – que leur pauvreté soit matérielle, morale ou spirituelle. Soyez miséricordieux de cette miséricorde qui attire vers Dieu, de cette miséricorde qui non seulement donne envie de se convertir, mais donne envie de devenir un saint.

Aimez aussi vos frères prêtres, vos frères diacres, les religieux et religieuses qui collaborent avec vous et qui prient pour vous dans l’ombre. Aimez-les comme des frères et sœurs ; priez aussi pour votre évêque qui s’efforce de vivre ce qu’il vient de vous dire, et qui en est encore si loin.

Votre ministère sera source de grandes joies ; parfois aussi ce sera dur, vous aurez à souffrir. Ne masquez pas votre souffrance par des artifices. Les plus grandes grâces passent par les cœurs blessés. Mais résistez toujours à la tentation du découragement ; on se décourage quand on se prend pour le sauveur du monde. 

Enfin, n’oubliez jamais la Vierge Marie, Reine de la Corse et Mère du Sacerdoce. Ayez souvent recours à elle ; confiez-vous à elle avec la simplicité d’un enfant. Marie n’est pas prêtre, mais elle a donné naissance au Grand Prêtre par excellence ; elle vous permettra de réaliser votre vocation : devenir un saint prêtre.

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