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La grâce de la contemplation

Avez-vous déjà observé un car de touristes s’arrêtant pour admirer un beau paysage ? La plupart du temps, les gens descendent du car, prennent quelques photos, dont éventuellement un selfie, et remontent dans le car. Et voilà, le panorama est « capturé », « mis en boite » ; on pourra le revoir autant de fois qu’on le désirera, ou encore le partager sur les réseaux sociaux. Tout cela est très bien — je pense que nous le faisons tous — mais peut-être pourrions-nous aller plus loin. 

Un beau paysage — et ils ne manquent pas en Corse — n’est pas qu’une image à prendre, il est une invitation à contempler, un événement à vivre et une grâce à recevoir. Vous souhaitez ne plus passer à côté de cet événement de grâce ? Asseyez-vous face au paysage, laissez de côté votre smartphone, faites silence, prenez le temps, regardez, sans chercher à analyser ou à décrire ; laissez surgir ce qui advient en vous. Une émotion certainement, oui mais plus qu’une émotion. La beauté de ce que vous contemplez renvoie à plus qu’elle-même. Le visible renvoie à l’invisible, au mystère de ce qui est. 

Comme le disait le philosophe François Cheng au cours d’une émission de télévision, « avec la présence de la beauté, tout d’un coup, on a compris que l’univers vivant n’est pas une énorme entité neutre et indifférenciée mais qu’il est mû par une intentionnalité ». Et il ajoutait : « La beauté n’est pas un simple ornement. La beauté est un signe par lequel la création nous signifie que la vie a du sens. » J’écoutais récemment à la radio un philosophe disant en substance que les religions trouvaient une explication au réel en affirmant que Dieu a donné un but à la création, mais, ajoutait-il, il faut maintenant se sortir de la tête cette idée que le monde a un sens. Les choses, disait-il, s’expliquent par leurs causes et non pas par leur but. 

Et je me disais : heureux sommes-nous d’avoir la foi ! En contemplant la création, nous percevons que la beauté n’est pas le fruit du hasard mais d’une intentionnalité, ou plus exactement d’un amour. Dieu a créé tout cela pour nous, par amour pour nous. Dans le silence de la contemplation, nous devinons la présence cachée de Celui qui est à l’origine de cette beauté, qui est l’auteur de ce don. Et ainsi monte dans nos cœurs la gratitude, c’est-à-dire le désir de remercier, de rendre grâces. Un simple paysage peut alors nous renvoyer à ce qui est au cœur de la vie chrétienne : accueillir le don de Dieu et entrer dans l’action de grâces. Recevoir et donner, c’est le dynamisme profond de l’eucharistie. 

Au cours du carême qui approche, peut-être pourrions-nous prendre davantage le temps de la contemplation pour mieux résister à la dictature de la consommation et entrer dans la gratitude. 

+ Olivier de Germay

Évêque d’Ajaccio

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