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Aimer Dieu ou son prochain ?

Dans ces premiers jours de l’année, la liturgie nous donne à entendre de larges passages de la première Lettre de saint Jean qui recentre tout sur le mystère de l’amour : « Voyez quel grand amour nous a donné le Père ! » 

Jésus nous le dit lui-même, le double commandement de l’amour de Dieu et du prochain récapitule toute la loi. C’est le cœur, le noyau, de notre vie chrétienne. « Ces deux préceptes, dit saint Augustin, ne doivent jamais s’effacer de vos cœurs ! » 

On sent bien qu’il existe une tension entre ces deux commandements. Faut-il d’abord et prioritairement aimer Dieu ? Ou surtout aimer son prochain ? Nous connaissons tous des personnes très « pieuses » dont on se dit qu’elles ont des progrès à faire pour aimer leur prochain ; mais aussi d’autres personnes qui considèrent qu’elles n’ont pas besoin de prier ou d’aller à la messe parce qu’elles font preuve de solidarité… 

Saint Jean nous aide à dépasser cette opposition en nous proposant une vision très unifiée de ces deux commandements. On peut dire qu’il les superpose et les unifie dans la notion de connaissance. Il n’y a pas chez lui d’un côté la vérité sur Dieu et de l’autre la mise en pratique des commandements. Pour lui, connaître Dieu équivaut à l’aimer et à aimer son prochain.  

Ainsi, selon saint Jean, on accède à la vérité sur Dieu par l’amour ; celui qui aime selon Dieu « fait la vérité ». La vérité sur Dieu n’est pas quelque chose que l’on découvre uniquement dans les livres, elle est « à faire », cette action étant elle-même le fruit d’une contemplation : « Ce que nous avons contemplé (…) nous vous l’annonçons. » (1 Jn1,1)  

Alors, faut-il d’abord aimer Dieu pour aimer son prochain ou d’abord aimer son prochain pour aimer Dieu ? « Celui qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est né de Dieu », dit saint Jean (1 Jn5,1). Dieu demeure en lui et il connaît Dieu. Un tel croyant « ne peut donc pas pécher, puisqu’il est né de Dieu » (1 Jn3,9). En sens inverse, « celui qui pratique la justice est, lui aussi, né de Dieu » (1 Jn2,29). De même, « celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui » (1 Jn3,24). 

On le voit, les deux commandements de l’amour de Dieu et du prochain ne se suivent pas d’une façon linéaire mais circulaire. 

Nous comprenons ainsi que notre amour pour Dieu peut être une illusion s’il ne se traduit pas en actes, « en actes et en vérité », précise saint Jean (1 Jn3,18), car nos actes, même apparemment très bienveillants, ne conduisent pas à la connaissance de Dieu s’ils ne prennent pas leur source en lui. C’est pourquoi saint Jean écrit : « Nous aimons parce que Dieu lui-même nous a aimés le premier. » (1 Jn4,19) 

Nous faisons tous l’expérience de la difficulté à pardonner et à aimer nos ennemis. La tentation est grande parfois d’en rester à une logique humaine où l’on évite ceux qui ne nous sont pas sympathiques. Mais il ne peut en être ainsi si nous voulons témoigner de ce « grand amour » dont parle saint Jean.  

Allons donc puiser en Dieu cet amour divin par la prière, la méditation de la Parole et les sacrements. Mais n’en restons pas là ! Ne brisons pas l’élan de générosité que cette union au Christ engendre en nous envoyant vers nos frères. Ce n’est qu’en le redonnant à notre prochain que cet amour devient lumière et révélation. « C’est en aimant le prochain que tu mérites de voir Dieu », dit saint Augustin. 

Quelles que soient nos affinités, aimons-nous donc les uns les autres tout au long de cette année 2020. Soyons les uns pour les autres des révélateurs de l’amour de Dieu ! Tels sont mes vœux pour nous !

+ Olivier de Germay

Évêque d’Ajaccio

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