Embellir l’Eglise
Les affaires qui secouent actuellement l’Eglise nous affligent et nous troublent. On ne peut qu’être atterrés lorsqu’on réalise que certains membres de l’Eglise ont profité de leur autorité morale pour abuser psychologiquement ou sexuellement des enfants, des adolescents ou des adultes. On ne peut qu’être profondément honteux et meurtris lorsqu’on réalise la profondeur des blessures que les victimes garderont pendant des années, voire toute leur vie.
Tout doit être fait pour que ces actes ne se reproduisent plus. Et si, par malheur, ils se reproduisaient, tout doit être mis en œuvre pour qu’ils soient dénoncés à la justice et pour que les victimes soient accueillies avec compassion, écoutées et accompagnées.
Nous ne rendrons service ni à la société ni à l’Eglise en cherchant à minimiser ces scandales. Nous ne rendrons pas non plus service à la société en laissant croire que l’Eglise est la seule concernée. Nous le savons en effet, le fléau des abus sexuels concerne la société tout entière et doit être traité comme tel.
Certains me disent être ébranlés dans leur confiance en l’Eglise par tout ce qui arrive. Je les comprends.
On pourrait se rassurer en disant que nous n’annonçons pas l’Eglise mais le Christ. Ce n’est pas faux, mais ce raisonnement est biaisé. L’Eglise, en effet, n’est pas un instrument jetable dont le Christ se servirait pour poursuivre son œuvre de salut. Elle est son Epouse bien-aimée. Elle est née de son côté transpercé. Le Christ a aimé l’Eglise, il s’est livré pour elle, afin de la purifier, nous dit saint Paul (cf. Ep 5,25.26). C’est pourquoi nous devons à la fois tout faire pour purifier et embellir l’Eglise — et cela passe par notre propre conversion car nous sommes chacun membre de l’Eglise — et en même temps garder confiance en l’Eglise ; et même rendre grâce à Dieu pour ce qu’il continue d’accomplir aujourd’hui à travers elle et en elle.
Il ne s’agit pas de donner de l’Eglise un visage séduisant, acquis à l’esprit du monde. L’Eglise est belle lorsqu’elle est persécutée en raison de sa fidélité à l’Evangile. En revanche, l’Eglise souffre lorsqu’elle est attaquée — à juste titre — parce que certains de ses membres contredisent radicalement l’Evangile qu’ils annoncent.
Tout cela doit nous inciter à revenir au cœur du message évangélique. L’Eglise n’est pas une ONG de plus, elle n’est pas là non plus pour maintenir des traditions ou une culture. L’Eglise est belle lorsqu’elle offre au monde une espérance en annonçant le salut offert gratuitement par Jésus Christ à tous les hommes. L’Église est belle lorsqu’elle transmet le don de Dieu et prend soin des plus pauvres.
En ce temps de carême, demandons la grâce d’embellir l’Église en devenant, chacun d’entre nous, et de plus en plus, d’authentiques disciples du Christ.
Olivier de Germay
Evêque d’Ajaccio