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Le grand débat

Avec la persistance — en baisse tout de même —des manifestations accompagnées de leurs lots de violences, la crise des Gilets jaunes semble entrée dans une phase de débats. Quoi qu’on pense de l’opportunité politique de cette initiative, on devrait pouvoir se réjouir de cette évolution car, même si les manifestations sont légitimes et compréhensibles, les problèmes ne se résoudront pas en contraignant l’État à accorder une prime à telle ou telle catégorie de personnes. 

Si la répartition des richesses est un vrai sujet, la crise est cependant beaucoup plus profonde et complexe. Le pape François l’a dit et redit : tout est lié. La crise actuelle a de multiples facettes à tenir ensemble, elle est à la fois mondiale, économique, financière, sociale, écologique, politique, médiatique, éthique, institutionnelle et finalement spirituelle. 

Évidemment, tout le monde n’est pas spécialiste dans tous ces domaines, mais cela ne doit pas nous empêcher de participer aux débats qui s’organisent un peu partout. Étant le plus souvent délocalisés, ils peuvent aborder les questions qui se posent concrètement sur le terrain. 

Les chrétiens ne doivent pas avoir peur de participer ou même d’organiser ce genre de forums. Certains le font déjà dans notre diocèse. Même s’il ne faut pas imaginer tout régler avec ces rencontres, elles participent de cette culture du dialogue prônée par le pape François et dont notre société a besoin. 

Si nous sommes parfois attirés par les polémiques opposant les gens les uns aux autres — les médias l’ont bien compris qui en usent et en abusent — il devient urgent de créer des lieux de dialogue pour désamorcer ces situations de tensions, de clivages, voire d’affrontements. On ne peut se contenter des expressions anonymes haineuses et injurieuses qui se multiplient sur Internet et les réseaux sociaux. Notre société se porterait mieux si nous prenions le temps de nous connaître, de nous comprendre et d’envisager ensemble notre avenir. 

Cela suppose bien entendu un minimum d’humilité et de capacité d’écoute pour ne pas se figer dans la certitude d’avoir raison tout seul en voulant imposer son point de vue. L’expérience montre d’ailleurs que la confrontation respectueuse des opinions est enrichissante et permet de discerner, si ce n’est des recettes miracles, au moins des pistes pour améliorer la situation. 

Pour tout ce qui touche à la vie en société, l’Église possède un patrimoine immatériel non négligeable, sa « doctrine sociale » qui bénéficie d’une longue tradition de réflexion sur des sujets toujours d’actualité comme la destination universelle des biens, le travail, la propriété, la subsidiarité, les migrations, et bien d’autres, avec toujours comme cheville ouvrière la dignité de la personne humaine. Une double opportunité s’offre ainsi à nous aujourd’hui : approfondir la doctrine sociale de l’Église trop souvent méconnue et entrer en dialogue avec ceux qui, croyants ou pas, vivent avec nous en Corse. 

Cette crise des Gilets jaunes nous rappelle aussi qu’aucun système politique n’est parfait et qu’aucun responsable politique n’est le sauveur du monde. C’est pourquoi notre mission première et urgente, à nous chrétiens, est d’annoncer le Christ ; mais l’intérêt pour ce qui préoccupe nos concitoyens fait précisément partie de ce que l’Esprit Saint suscite dans le cœur de ceux qu’il envoie annoncer la Paix de Dieu.

Olivier de Germay
Evêque d’Ajaccio

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