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Du tri à la sobriété

La nouvelle crise des déchets que connait la Corse ne peut nous laisser indifférents. Une fois de plus des sacs poubelles jonchent les rues, attirant les rats et repoussant les passants. Les centres d’enfouissement existants seront bientôt saturés. Il devient urgent de lancer des études pour en construire d’autres, mais aucune commune ne semble prête à accueillir une telle structure. Ceci dit, la création de nouveaux centres d’enfouissement ne résoudra pas tout. Le « tout-enfouissement » est de plus en plus contesté et ne peut être la seule réponse à apporter à la crise des déchets. 

Au-delà de l’image déplorable que tout cela donne de la Corse, et indépendamment des responsabilités politiques, cela nous renvoie à la question plus large de l’écologie. Que penser en effet d’une société qui produit plus de déchets qu’elle n’est capable d’en assimiler ? 

La question dépasse largement celle des centres d’enfouissement. Car s’il faut réfléchir au traitement des déchets, il faudrait surtout se demander : pourquoi produisons-nous toujours plus de déchets ? En élargissant ainsi la question, nous comprenons qu’il s’agit d’une responsabilité collective. Le consumérisme effréné dans lequel nous vivons nous conduit en effet dans une impasse. Sous la pression de la publicité — toujours plus intrusive et omniprésente — le rouleau compresseur de la société de consommation fait son œuvre. Il nous fait croire qu’il suffit d’acheter, de posséder et de consommer toujours plus pour être heureux. Quelle illusion ! Pris dans ce tourbillon de la consommation, ballotés au gré des modes, pris d’une frénésie d’acheter, nous perdons peu à peu notre liberté et devenons d’éternels insatisfaits. Ainsi se répand la culture kleenex : on utilise et on jette. Nos placards sont remplis d’objets démodés et inutilisés, nos estomacs trop pleins, nos poubelles débordantes, tandis qu’un grand vide règne sur nos âmes.  

Que faire alors ? Si des solutions techniques efficaces s’imposent, cela ne suffira pas à remonter la pente. Ce sont nos modes de vie qu’il faut changer. Et cela commence par le tri. Nous ne pourrons pas éternellement nous défausser sur les services publics pour gérer nos propres déchets domestiques. Il est urgent de prendre conscience de l’impact de nos habitudes quotidiennes sur l’environnement et d’acquérir les bons réflexes. Le tri à la source, c’est-à-dire dans nos familles, dans nos lieux de vie, sur nos lieux de travail, ne résoudra pas tout mais il est indispensable. Et avant de trier, il s’agit évidemment de diminuer le volume de nos déchets, par exemple en choisissant en priorité des produits dont l’emballage est recyclable et peu volumineux. 

Mais plus fondamentalement, nous sommes appelés à faire le choix de la sobriété, à opter pour une vie plus simple, plus respectueuse de l’environnement. Ne pensons pas que ce choix soit une contrainte de plus dans nos vies déjà surchargées d’obligations. Il s’inscrit en réalité dans le cadre d’une écologie humaine intégrale et indique la voie d’une vie plus heureuse.

La surconsommation ne fait pas que polluer la planète, elle pollue nos vies. Nous créant sans cesse de nouveaux désirs — tous plus superficiels les uns que les autres — elle nous replie sur nous-mêmes. Une vie plus sobre, c’est aussi une vie plus équilibrée, plus harmonieuse, plus ouverte sur la création et sur les autres. C’est une vie disponible à la transcendance et dans laquelle Dieu peut trouver sa place. Quant la création ne rejette pas son Créateur, elle s’en trouve bien.

Olivier de Germay
Evêque d’Ajaccio

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