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Le Noël que Dieu veut

Toutes nos fêtes liturgiques n’ont pas ce privilège : celle de Noël est annoncée plusieurs semaines à l’avance par la société tout entière. Evidemment, les raisons de cet empressement sont essentiellement commerciales ; nous le savons bien car nous-mêmes sommes comme entrainés dans cette fête de la consommation qui fait qu’au fur et à mesure qu’approche Noël, nous stressons de plus en plus dans l’urgence des cadeaux à acheter et des menus à prévoir. Beaucoup d’entre nous, malgré tout, pourront connaitre la joie de belles réunions familiales, sans oublier bien sûr la traditionnelle « messe de minuit » qui fait chaud au cœur. Mais est-ce cela le Noël que Dieu veut ?

Le côté « traditionnel » de nos célébrations de Noël ne doit pas faire oublier l’extraordinaire nouveauté de ce mystère : Dieu tout-puissant et inaccessible, se fait l’un de nous et vient habiter parmi nous. « Par son incarnation, dit le Concile Vatican II, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni à tout homme » (GS 22,2). Nous n’avons pas fini de réaliser le côté révolutionnaire de cette réalité qui manifeste l’incroyable dignité de toute personne humaine. Le moindre être humain a tellement d’importance pour le Christ que non seulement il a lié son sort au sien (« j’avais faim et vous m’avez donné à manger… »), mais que notre propre destinée dépend de la façon dont nous entendons ses appels (« venez les bénis de mon Père car j’étais un étranger et vous m’avez accueilli… ») cf. Mt 25,31-46. Nos façons d’appréhender des sujets de société comme l’immigration ou l’avortement seraient bien différentes si nous réalisions la portée de cette révélation ; notre façon de croiser les pauvres aussi.

Dieu donc s’invite dans notre humanité. « Le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas accueilli. Mais à tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu » écrit saint Jean (cf. Jn 1,10-12). Si donc nous sommes chrétiens – par choix personnel et non simplement par héritage – alors le Christ se tient au milieu de nous : « Quand deux ou trois sont réunis en mon Nom, je suis là au milieu d’eux », dit Jésus (Mt 18,20). La reconnaissance de la présence du Christ dans nos assemblées nous permet de devenir en acte ce que le baptême a fait de nous : des enfants de Dieu ; et donc aussi des frères et sœurs. C’est aussi cela le mystère de Noël : l’incarnation du Christ se prolonge dans son Corps qui est l’église. Ainsi, en vivant authentiquement comme des frères et sœurs, nous manifestons au monde la présence du Christ qui vient transformer les relations humaines. Reconnaissons que nous avons là une belle marge de progrès… Une personne de passage qui – par hasard ou curiosité – assiste à l’une de nos célébrations dominicales ressent-elle cette fraternité entre nous ?

Présent d’une manière toute particulière dans nos assemblées, le Fils de Dieu veut également demeurer en nous (cf. Lc 19,5 ; Jn 1,23). Il veut établir son règne au cœur de nos vies personnelles. Cet aspect du mystère de Noël nous renvoie à la qualité de notre vie intérieure. Il ne faudrait pas que les décorations de Noël et autres paillettes nous maintiennent à la superficie de nous-mêmes. Prenons le temps, en ces jours de fête, de retrouver l’Enfant-Dieu dans le silence de notre crèche intérieure. Le témoignage de notre vie chrétienne commence mystérieusement là, dans ce cœur-à-cœur sans bruit ni éclat.

Oui, Dieu s’invite parmi nous. Et si nous invitions un SDF ou une personne seule chez nous le jour de Noël ?

+ Olivier de Germay
Evêque d’Ajaccio

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