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Le regard de Jésus

Qu’est-ce que le regard de Dieu ? Je ne sais pas au fond répondre à cette question, mais ce qui est certain pour moi, c’est que Dieu voit. Par contre je m’interroge sur le regard de Jésus. Je crois que « le Verbe s’est fait chair ». En Jésus Dieu a pris des yeux de chair, comme les miens. Jésus a vu, regardé, fixé, sans aucune différence par rapport à nos manières de voir, de regarder, de fixer. Et là, je crois qu’à travers son regard humain se révèle aussi son regard divin, comme le dit si bien Jean : « Le Fils fait seulement ce qu’il voit faire par le Père » (Jean 5,19), ou encore « Ce que j’ai vu auprès du Père je le déclare ». (Jean 8,58) 


Le regard de Jésus dans l’évangile selon saint Luc

Je vous propose de découvrir le regard de Jésus dans le texte évangélique de l’actuelle année liturgique. Le regard de Jésus sur la veuve de Naïn (Luc 7,13) est un regard de compassion tout comme le regard qu’il porte sur la femme courbée (Luc 13,12), sur les dix lépreux (Luc 17,14) et sur la veuve du Temple (Luc 21,2). 

Et puis Jésus « regarde vers le haut », vers le ciel, pour une prière avant la multiplication des pains (Luc 9,16), il regarde Zachée dans son arbre (Luc 19,5) et tout nous donne à penser que c’est le regard de Jésus qui l’a traversé, bouleversé et converti, comme l’explique si bien l’exégète de Rome le père Cantalamessa. 

Il regarde la foule qui met ses offrandes dans le Temple (Luc 21,1) et, avant de prononcer son grand sermon d’ouverture, il lève les yeux vers ses disciples (Luc 6,20). Jésus a porté aussi un regard circulaire sur ses adversaires (Luc 6,10), il les a fixés une ultime fois après avoir raconté la parabole des vignerons homicides (Luc 20,18).

D’une manière générale, le regard de Jésus perçoit des réalités que l’œil ne peut voir : la foi (Luc 5,10), Satan (Luc 10,18) et il suscite le regard de ses interlocuteurs dans la scène de la femme pécheresse en la montrant : « Tu vois cette femme… » (Luc 7,44) Un des derniers regards de Jésus est pour son disciple Pierre : « Alors le Seigneur se retourna et fixa son regard sur Pierre. » (Luc 22,6) Nous notons que le sujet du verbe n’est pas ici « Jésus » mais « le Seigneur ». Son regard appelle à la conversion : « Alors Pierre se rappela… »

Après ce survol de l’évangile de saint Luc nous ne pouvons passer sous silence, avec saint Jean, le dernier regard extraordinaire de Jésus, celui que, du haut de la croix il porte sur Marie : « Jésus voyant sa mère… » (Jean 19,26)Je vois dans ce regard de Jésus, au-delà de sa mère selon la chair, je vois dans le regard de Jésus la mère église, celle de tous les temps, celle de l’éternité.

Après avoir croisé le regard de Jésus dans l’évangile, nous pouvons dire, avec le père Cantalamessa déjà cité, que, « d’après beaucoup de récits dans l’évangile, il semble que les yeux de Jésus aient eu un pouvoir miraculeux, ils parlaient davantage même que ses paroles ».

Le regard de Jésus dans l’enseignement de saint Jean-Paul II et du pape François

Ayant refermé l’évangile selon saint Luc, nous interrogeons maintenant saint Jean-Paul II et notre pape François sur le regard de Jésus, sur leur découverte du regard de Jésus. 

A cet égard, le texte de Jean-Paul II qui m’a le plus touché est son beau discours aux jeunes du monde entier en 1985 : « Jésus, dit-il, a regardé tout homme avec amour. L’évangile le confirme sans cesse. On peut dire aussi que le regard aimant du Christ résume et synthétise en quelque sorte toute la Bonne Nouvelle. Je vous souhaite de connaître un tel regard avec amour, de faire l’expérience qu’en vérité, lui, le Christ, vous regarde avec amour. Je ne sais à quel moment de votre vie. Je pense que cela se produira au moment le plus nécessaire, peut-être au temps de la souffrance, peut-être à l’occasion d’un témoignage d’une conscience pure, comme dans le cas du jeune homme riche de l’évangile qui interpelle Jésus, ou peut-être dans une situation opposée quand s’impose le sens de la faute, le remords de la conscience. Je vous souhaite de faire la même expérience que  ce jeune homme riche de l’évangile : “Jésus fixa sur lui son regard et l’aima.” »

Pour sa part notre pape François, tout proche de nous, nous invite aussi à nous laisser regarder par Jésus. C’était le thème de l’homélie qu’il prononça à la Villa Martha, le 22 mai 2015 : « Nous sommes tous sous le regard de Jésus, il nous regarde toujours avec amour. Quand il nous regarde, il nous demande quelque chose, nous pardonne quelque chose et nous donne une mission. Et nous pouvons lui dire ceci : “Seigneur, tu es là parmi nous, sur l’autel de l’Eucharistie. Fixe ton regard sur moi et dis-moi ce que je dois faire, comment je dois pleurer mes erreurs, mes péchés, quel doit être le courage avec lequel je dois emprunter le chemin que tu as suivi.” » 

Mais la conclusion de notre réflexion sur le regard de Jésus, c’est dans un texte de Benoit XVI que je l’ai trouvée, quand il nous rappelle que le regard de Jésus peut nous traverser pour se porter sur nos frères humains : « Au-delà de l’apparence extérieure de l’autre jaillit son attente intérieure d’un geste d’amour, d’un geste d’attention. Je vois avec les yeux du Christ et je peux donner à l’autre bien plus que les choses qui lui sont extérieurement nécessaires. Je peux lui donner le regard d’amour dont il a besoin. » (Encyclique Dieu et Amour)

Par Francis Ghisoni.

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