Paroisses
La quête en ligne !
Faire un Don
Faire un signalement
Faire dire une messe

Béatification des 19 martyrs de l’Eglise d’Algérie

8 décembre 2018 : Aujourd’hui, l’Eglise est en joie, et c’est également ce sentiment fort en émotion qui était le mien, puisqu’après avoir reçu une invitation de Monseigneur Vesco, évêque d’Oran et du père Thomas Georgeon, postulateur de la cause en béatification, j’étais présente pour assister à la béatification des 7 moines de Tibhirine, de Monseigneur Pierre Claverie, évêque d’Oron et des 11 autres martyrs de l’Eglise d’Algérie, morts entre le 8 mai 1994 et le 1 août  1996. Cette fête, qui aurait pu ne concerner que les quelques chrétiens résidant dans ce pays, fut un moment de grâce pour tous. « Un jour qui fera date pour l’Eglise et pour l’Algérie » écrira du reste le postulateur, « Une béatification inédite et unique en pays musulman, signe qu’un avenir de fraternité est possible si nous sortons de notre ignorance réciproque et allons, chrétiens et musulmans, à la rencontre les uns des autres. » Et le journal Le Quotidien d’Oran écrivait : « Un signe de fraternité à destination du monde entier. »

Le matin de ce 8 décembre, l’imposante délégation que nous composions, fut conduite sous bonne escorte jusqu’à la grande mosquée où une réception officielle, grandiose et chaleureuse, avait été préparée par l’Imam, sous la présidence du ministre Algérien des Affaires Religieuses, en présence d’une centaine d’imans. Les paroles prononcées aussi bien par les autorités civiles et militaires que par le cardinal Beccu, envoyé spécial du pape François, étaient dans le droit fil de ce que vit l’Eglise d’Algérie, au plus près de l’Evangile.

Après la collation offerte à la mosquée, toute la délégation se dirigea vers Notre-Dame de Santa Cruz. Lorsque nous arrivâmes sur la grande esplanade, celle du « vivre ensemble en paix », selon le nom qui lui avait été donné officiellement la veille à l’initiative du cheikh Bentounès, nous savions que nous n’avions plus qu’à nous laisser toucher par la belle liturgie de la béatification, plein de cette paix et de cet amour fraternel qui nous a tous unis dans une joyeuse espérance.

Moment fort en émotion lorsqu’on déroula la grande bâche où étaient inscrits les prénoms des dix-neuf nouveaux bienheureux, mêlés à une série d’autres prénoms d’Algériens dont on pouvait penser qu’ils avaient eux aussi été victimes de cette décennie noire qui avait si longtemps endeuillé le pays.. Le lendemain, les autorités algériennes avaient organisé notre déplacement vers le monastère Notre-Dame de l’Atlas à Tibhirine. Quelle émotion de se retrouver, là où nos 7 bienheureux frères ont vécu, la chapelle où nous avons partagé l’eucharistie en profonde communion des saints avec eux, « le jardin de la Résurrection » où ils reposent pour l’éternité. Et quel moment intense pour frère Jean-Pierre Schumacher, le dernier moine survivant, retrouvant ses voisins et amis d’il y a 23 ans, dans ce lieu où tant de souvenirs se faisaient si présents.

Cette béatification restera gravée au plus profond de mon cœur car c’est en pure grâce que je l’ai reçue de notre Seigneur afin de partager avec ceux qui viendront dans ce lieu de mémoire qu’est l’oratoire Notre-Dame de Tibhirine de Bonifacio, ce beau message « que la paix et l’amitié l’emportent sur les forces de division et de haine » et que « par leur intercession, se renforcent le dialogue, le respect et l’amour entre ses enfants chrétiens et musulmans ».

                                                                       Anne-Marie Agostini

Partager