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Hommage au père Doazan.

Après avoir consacré 65 ans de sa vie religieuse à la Corse, le père Louis Doazan, Missionnaire Oblat de Marie Immaculée, nous a quitté le 23 mai dernier.  Ses obsèques, présidées par le père Grégoire, O.M.I. de la communauté de Vico, ont  été célébrées le 25 mai dans l’église du couvent Saint-François selon un déroulé fondé sur un diptyque : Merci pour une vie richement comblée par Dieu et Pardon pour tous les manquements à son Amour.

Le Pyrénéen qu’il était se plaisait à dire combien il était heureux que la Corse ait été son pays d’adoption. Né à Lourdes le 19 octobre 1925 d’un père gersois, médecin, et d’une mère suisse, infirmière, il est le dernier d’une fratrie de trois enfants. Après  des études secondaires  au collège Notre-Dame-de-Bétharram, il entre au noviciat des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée, Notre-Dame-de-Bon-Secours,  situé en Ardèche, en novembre 1944. 

« L’austérité de l’année de noviciat ne me pesa pas. J’ai aimé la grande diversité des hommes ayant frappé à sa porte. J’y ai rencontré des oblats hors du commun », dit-il. Au terme de ses  études au scolasticat de Notre-Dame-de-Lumières en 1951, il reçoit son obédience pour la Corse. 

Professeur de sciences naturelles au petit séminaire d’Ajaccio, il s’attache avec ses élèves et leurs familles à constituer une documentation fondée sur la collecte de minéraux, de spécimens de la flore, de la faune et d’objets témoins des activités humaines. Nommé en paroisse à Ajaccio de 1966 à 1969 puis à La Porta d’Ampugnani de 1970 à 1972, il y expose sa collection d’un millier d’objets. Sur proposition  des autorités scientifiques nationales qui en reconnaissent l’intérêt, il en fait donation à l’Etat. 

Chargé de mission auprès  du musée national des Arts et Traditions populaires de 1973 à 1978, il poursuit ses enquêtes-collectes, rassemblant ses notes de terrain en 64 cahiers. « Ces notes  prétendent seulement transmettre des savoirs et savoir-faire que j’ai eu la chance d’observer. Elles sont le journalier d’un voyageur épris de la Corse. Mais le plus important demeure intransmissible, c’est la force des liens créés entre le visiteur-prêtre et ses informateurs. L’élève que j’étais a découvert des maîtres, des sages, des saints. C’est leur âme qu’ils offraient », dit-il. « Le père fait partie de ces pionniers qui comprirent qu’un monde en train de disparaître méritait d’être mémorisé. Pour autant, c’est bel et bien comme missionnaire passionné d’humanité qu’il le fit », souligne  B. Evelin, O.M.I. dans un article de la revue Oblatio. 

Désireux de reprendre du ministère, le père  est nommé curé d’Ota en 1978. Il y demeure jusqu’en 1990, ouvrant les portes du presbytère, « une maison pas comme les autres, une maison du cœur » à plus d’un millier de visiteurs. Il gagne  ensuite Vico, associant à nouveau pastorale et recherches alors que sa collection rejoint le Musée de Corte. 

Aumônier des Sœurs de la Merci à Ajaccio de 2002 à  2010, il  se retire au couvent de Vico où il s’éteint trois ans après avoir été victime d’A.V.C.  

Il me confiera  un jour : « Si l’on me demandait ce qui a le plus marqué ma vie religieuse, ce qui fut le plus merveilleux, je dirai sans hésiter : décrypter les signes de la présence de Dieu dans le monde et dans l’histoire des hommes, et essayer d’aimer. » 

Faisons nôtre cet ultime message.

Par Mauricette Mattioli.

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