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Anthropologie relationnelle et économie

Le Vatican a fait paraître en début d’année un document sur l’économie. Intitulé Considérations pour un discernement éthique sur certains aspects du système économique et financier actuel, il est signé par la Congrégation pour la doctrine de la foi et le Dicastère pour le Service de Développement intégral, et approuvé par le pape.

Au-delà des analyses souvent très techniques, ou de l’appel à intensifier les réflexions éthiques dans les écoles de commerces, on retiendra un point fondamental.

L’activité financière est utile, mais elle doit être orientée de manière éthique ; le marché a besoin de règles pour fonctionner correctement. Cependant les réformes entreprises dans le système financier depuis la crise de 2008 ne vont pas assez loin, et il faut réorienter les banques pour les remettre au service de l’économie réelle. Cela suppose un travail éthique collectif auquel l’Église veut apporter sa contribution, car « aucune action humaine n’est neutre ni dégagée de toute conception fondamentale ».

Les quelques passages cités ci-dessous indiquent l’orientation de l’apport de l’Église : la recherche d’une « éthique amie de la personne ».

« Dans cette ligne, notre époque a montré l’essoufflement d’une vision individualiste de l’homme pris surtout comme un consommateur, dont le profit consisterait avant tout à optimiser ses gains pécuniaires. En réalité, la personne humaine est dotée singulièrement d’un caractère relationnel et d’une rationalité continuellement à la recherche d’un gain et d’un bien-être entiers et non réductibles à une logique de consommation ou aux aspects économiques de la vie.

« Ce caractère relationnel fondamental de l’homme est essentiellement marqué par une rationalité qui résiste à toute réduction chosifiant ses besoins fondamentaux. (§9)

« Chaque personne naît dans un contexte familial, c’est-à-dire au sein de relations qui le précèdent, sans lesquelles il lui serait impossible d’exister. Elle traverse ensuite les étapes de son existence toujours grâce à des liens qui la positionnent dans le monde comme une liberté continuellement partagée. Ce sont précisément ces liens originaires qui révèlent l’homme comme être relationnel et essentiellement marqué par ce que la Révélation chrétienne appelle “la communion”. (§ 10)

« Ce caractère originaire de communion, en mettant en lumière dans chaque personne humaine l’empreinte d’une affinité avec le Dieu qui l’a créée et appelée à une relation de communion avec lui, est aussi ce qui l’oriente naturellement vers la vie communautaire, lieu fondamental de sa complète réalisation.

« La reconnaissance de ce caractère comme élément originairement constitutif de l’identité humaine permet précisément de regarder les autres, non pas d’abord comme des concurrents potentiels, mais comme de possibles alliés dans la construction d’un bien qui n’est authentique que s’il concerne simultanément tous et chacun. 

« Cette anthropologie relationnelle aide également l’homme à reconnaître la validité des stratégies économiques. Celles-ci visent surtout, avant même la croissance sans discernement des bénéfices, la qualité globale de la vie ainsi que le bien-être, qui, pour être tel, doit toujours être intégral, c’est-à-dire celui de tout l’homme et de tous les hommes. En réalité, aucun profit n’est légitime lorsque fait défaut la vision de la promotion intégrale de la personne humaine, de la destination universelle des biens et l’option préférentielle pour les pauvres. Ces trois principes s’imbriquent et sont nécessairement complémentaires dans la perspective de la construction d’un monde plus juste et plus solidaire. » (§ 10)

Par Joseph Fini.

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