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Un chanoine historien dévoué à la Corse : Lucien-Auguste Letteron

Société des SciencesLucien-Auguste Letteron (1844-1918), savant et chanoine dévoué à la Corse et à son patrimoine général et scientifique, fut une belle figure : son action mérite de ne pas être oubliée. 

De l’Yonne à Bastia

Lucien-Auguste Letteron est né en Bourgogne, dans l’Yonne, en 1844. Prêtre en 1866,  il se fit enseignant, d’abord à Châteauroux, à Bastia  enfin,  professeur agrégé de Lettres, au vieux lycée, en 1878, à 34 ans. L-A. Letteron fut créateur d’institutions culturelles au bénéfice de la ville et de la Corse entière. Les sciences corses doivent beaucoup à ce prêtre dévoué, chercheur et collecteur infatigable de documents et de données précises sur tout ce qui touchait notre île. Instigateur, dès 1879, d’une société savante à Bastia, il eut le talent de l’animer inlassablement. Il s’inspirait d’un modèle qu’il connaissait bien, la société savante de l’Yonne, fondée en 1847.

Une revue essentielle pour l’île et une équipe savante !

Le plus beau titre de gloire de l’abbé reste donc la fondation d’une revue qui sera vite prestigieuse : c’est le précieux « Bulletin des Sciences Naturelles et Historiques de la Corse ». Solidement formé à Paris, l’abbé Letteron se lança dans un travail d’équipe qu’il sut constituer, fédérer, faire croître et multiplier : l’action deviendra tôt considérable.

Dès le 12 décembre 1879, la première séance de la Société savante se tient à Bastia dans une salle de la mairie. Le comité scientifique, fait d’érudits amateurs ou de savants véritables, s’appuie notamment sur Sébastien de Caraffa, sur les frères Lucciana ou encore sur le docteur Perelli. Une revue va y naître : le premier numéro du Bulletin est édité dès 1881. L’association, elle, regroupera vite plusieurs centaines d’adhérents et abonnés. Des documents de grande importance historique, géographique, géologique ou botanique, de recherche ecclésiastique aussi, seront publiés avec soin. Le chanoine Letteron publie ainsi, avec des présentations nettes et une lecture rigoureuse des manuscrits, allant des lettres du Pape Grégoire le Grand, des chroniqueurs médiévaux et féodaux de la Corse, des décrets génois du « Libro Rosso », la correspondance de Paoli autant que les documents principaux de l’époque monarchique française jusqu’à  l’essentiel des textes qui concernent l’île sous la Révolution. La revue se distingua aussi en offrant sous forme presque complète les imposantes « Osservazioni storiche » du chanoine Ambroggio Rossi et la « Correspondance » du Vice-Roi anglais sir Gilbert Elliot, celle du futur amiral Nelson également.

Suivirent des mémorialistes ou chroniqueurs de l’Empire napoléonien et du dix-neuvième siècle. Tout cela pour le domaine historique ; les autres sciences furent aussi largement représentées. A la clé, un travail colossal mené avec modestie et efficacité : activité d’un homme qui surveille absolument tout, et d’une équipe passionnée.

Au service du patrimoine bastiais.

L-A. Letteron, une fois sa carrière professorale achevée, sera l’un des réorganisateurs acharnés de la bibliothèque bastiaise, riche de cinquante mille volumes : il la dirigera à partir de 1905. Il dotera l’institution de registres modernes de classement et de répertoires scientifiques, après l’avoir installée dans une partie des locaux du théâtre municipal. Il se dévoua aussi au musée de Bastia. Savant, modeste, précis et discret, Lucien-Auguste Letteron fut un Corse d’adoption exemplaire. C’est alors qu’il travaillait encore à des études historiques sur l’évêché de Mariana, qu’il est mort, toujours à Bastia  en 1918.  Après une première cessation de parution en 1937, la société savante et le Bulletin se sont relancés très brillamment : l’équipe actuelle du ‘’Bulletin’’ anime toujours des débats, assure des publications multiples. Doyenne des revues savantes de l’île, le Bulletin perpétue l’action en pointe et moderne du chanoine Letteron, via notamment un site Internet !

Par Raphaël Lahlou. 

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