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L’appel au dialogue de Monseigneur de Germay concernant l’IVG

 

capture-d-e-cran-2016-01-07-a-08_34_19-copieLa récente actualité politique et la prochaine Marche pour la vie à Paris montrent que le débat sur l’IVG est loin d’être clos. Depuis le vote de la loi Veil (1974), les « pour » et les « contre » s’affrontent dans une lutte sans merci. Peut-être l’heure est-elle venue d’oser un dialogue constructif. L’avortement touchant à quelque chose de très fondamental, on comprend que les réactions soient parfois vives. Mais c’est justement ce qui crée le risque – dans un sens comme dans l’autre – d’une idéologisation et d’une radicalisation du discours. Lorsque les condamnations et autres excès de langage se multiplient, le débat devient vite stérile.

J’ose croire cependant qu’un dialogue est possible. Ce serait un beau signe à donner à notre monde ravagé par les conflits que d’être capables d’enterrer la hache de guerre et de s’asseoir autour d’une table pour aborder sereinement cette question. Un point de départ possible pourrait être le souci – commun semble-t-il – de diminuer le nombre des avortements en France. On pourrait ainsi se demander pourquoi le nombre d’IVG est deux fois plus élevé en France qu’en Allemagne et pourquoi le choix de faciliter l’accès à la contraception ne l’a pas fait baisser.

Le dialogue pourrait également s’appuyer sur le slogan diffusé par le gouvernement : « IVG : mon corps, mon choix, mon droit ». Quels sont, objectivement, les arguments biologiques ou philosophiques qui permettent d’affirmer qu’un embryon est une partie du corps de sa mère ? Et surtout, quels sont les fondements du droit ? Un choix personnel peut-il être le seul critère du droit ?

Compte tenu de l’âge souvent précoce des IVG, le débat pourrait également porter sur l’éducation sexuelle des enfants et des jeunes. A qui en revient la responsabilité ? Quels en sont les points d’appui ? Faut-il présenter la sexualité comme un en-soi et informer sur les « risques » qui lui sont liés (grossesse, MST) ou faut-il aider les adolescents à réfléchir sur le sens de la sexualité, sur ses liens avec l’amour, la fécondité, l’engagement, la responsabilité ? Ne peut-on pas évoquer avec eux les différences entre attirance sexuelle, sentiment amoureux et amour durable ?

Le débat pourrait aussi aborder la question des conséquences d’un avortement pour la femme et son entourage. Des études existent, il serait bon de les prendre en compte, y compris avec un regard critique si nécessaire. En lien avec la récente loi sur le délit d’entrave numérique à l’avortement, on pourrait aussi se demander : ne peut-il pas exister une aide au discernement avant l’IVG ? Est-ce vraiment inconvenant d’évoquer le fait que d’autres solutions existent ? Que fait-on pour soutenir la prise en charge d’un enfant dans des conditions difficiles (mère célibataire, enfant porteur d’un handicap, etc.) ?

Soyons lucides, la seule possibilité d’un tel débat est un véritable défi. Il suppose en effet que nous sortions d’une logique guerrière où il s’agit de faire gagner un camp contre l’autre. Ce qui doit nous motiver, ce n’est pas la victoire d’un parti mais le bien de notre commune humanité. Au-delà – ou plutôt en-deçà – de nos convictions divergentes, nous devrions être capables de rejoindre cette bienveillance qui nous est commune parce que nous partageons la même humanité. Renonçant alors de part et d’autre à nos anathèmes destructeurs, nous pourrions jeter une lumière nouvelle sur ce qui me semble être un angle-mort de notre conscience collective. L’humanité en a connu d’autres dont elle a su sortir. Soyons donc dans l’espérance !

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