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Œcuménisme

Comme chaque année, catholiques, protestants et orthodoxes se sont réunis durant trois jours pour un colloque international organisé par l’ISEO (Institut supérieur d’études œcuméniques), codirigé par trois facultés de théologie à Paris : l’Institut catholique de Paris, l’Institut protestant de théologie, l’Institut de théologie orthodoxe St-Serge.

Cette année, en coopération avec avec l’Institut supérieur de pastorale catéchétique et le réseau Église verte, le thème choisi était :

RESPONSABILITÉS CHRÉTIENNES ET CRISE ÉCOLOGIQUE

Ce colloque s’est déroulé sur trois journées ; je voudrais vous en livrer ici un petit échantillon.

Sous la présidence de Mgr Kalist, du pasteur F. Clavairoly et de Mgr Jean (métropolite de Doubna), la réflexion porta successivement sur :

La crise écologique et l’avancée des Églises.

Les racines du problème écologique : un rôle du christianisme ? 

Affronter la crise : les ressources de la foi chrétienne.

En introduction, le patriarche œcuménique Bartholomée 1er a présenté la crise écologique comme une responsabilité spirituelle : « Le croyant ne peut rester indifférent à la protection de la création, veiller sur elle est une conséquence de sa foi, de son « éthos eucharistique », à savoir recevoir le monde dans l’action de grâce, l’émerveillement. »

Dès la Genèse, l’homme est voulu par Dieu comme sommet et couronnement de toute la création, mais cette réalité a pu parfois être mal comprise : une interprétation erronée ou partielle a pu générer un certain anthropocentrisme surplombant qui fait de tout ce qui est non humain un instrument en sa possession.

C’est pourquoi il est important que soient revus certains des enseignements influencés par quelques interprétations réductrices des textes fondateurs : une belle opportunité pour la catéchèse et la prédication.

Deux anthropologues ont souligné avec acuité l’interdépendance de tous les êtres vivants, faisant ressortir l’urgence de repenser notre rapport à la nature.

Dans son encyclique Laudato Si, le pape François a lui aussi prononcé à plusieurs reprises « tout est lié » : nous assistons là à un radical changement de paradigme et à une véritable spiritualisation de l’écologie ; une écologie Intégrale qui nous réunit au-delà de nos propres Églises et nous invite à relever ensemble, avec l’aide du Seigneur, ce défi majeur.

Fut également évoquée par le pasteur P. Rolin  la tentation originelle de l’homme d’abolir toutes les limites pour devenir comme des dieux : tentation incarnée aujourd’hui par le transhumanisme.

Comme nous l’avons deviné, la démarche écologique va bien au-delà des éco-gestes, même si ceux-ci sont évidemment incontournables ; elle doit nous permettre de réaliser pleinement que Dieu, dans sa transcendance, est également présent au sein de toute sa création qu’il continue de porter.

La vision anthropocentrée de la création est évidemment normale, l’homme étant créé à l’image de Dieu, mais elle peut parfois se révéler trop déconnectée du reste de l’œuvre divine. ll n’y a pas d’histoire du salut sans la création. « La création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. »

Dans la tradition orthodoxe, l’homme est vu comme un microcosme car il porte en lui tout le cosmos avec ses règnes minéral, végétal, animal : ce que l’homme fait à la terre, c’est donc à lui-même qu’il le fait… Nous retrouvons là, chez nos frères orthodoxes, une manière plus cosmique de penser l’Incarnation et la Rédemption ; leur liturgie en est d’ailleurs tout imprégnée. L’homme, merveille de Dieu, n’est donc pas un roi dominateur mais un être sacerdotal au sein de toute la création.

En catéchèse, les choses bougent en ce sens dans les trois confessions chrétiennes et ce, jusque dans la représentation des fins dernières (domaine hélas lui aussi déserté durant de trop longues décennies, contribuant à la perte de toute espérance chez nos contemporains). Nous devons avoir une conscience vive de notre responsabilité de rendre compte de cette éspérance: Le salut en Jésus Christ n’est pas desserti du réel ! 

Par son Incarnation, sa Passion et sa Résurrection, le Christ ne sauve pas uniquement l’homme, mais avec lui toute la création.

La remontée des ateliers a manifesté un enthousiasme et une espérance sans précédent malgré ce contexte particulier de crise globale, une immense gratitude aussi devant cette richesse infinie du christianisme dans ses différentes confessions appelées à l’unité. On a pu noter l’intérêt commun pour les sources scripturaires et patristiques évoquant le thème de la Création ainsi que l’importance du travail biblique en commun, l’urgence aussi de s’investir ensemble dans des initiatives concrètes.

Toutes ces initiatives ne sont évidemment pas des recettes miracles, elles impliquent avant tout une conversion personnelle, mais elles ont le mérite de mettre en évidence la nécessité de nous écouter toujours plus les uns les autres et surtout de nous mettre ensemble face à Dieu pour prier et rendre grâce, nous rendant disponibles à son dessein d’Amour qui concerne toute sa Création.

C’est d’ailleurs ce que nous avons fait au début et à la fin de chacune de ces trois journées en ayant bien à l’esprit que, comme toujours, l’ultime solution est à Dieu !

Angelica Radet

Responsable service œcuménisme et interreligieux

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