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Puissance de la croix, victoire du crucifié

Par ces quelques mots, la première préface de la Passion nous fait entrer dans la gloire de l’Agneau immolé, qui enlève le péché du monde. Étonnante victoire que celle de l’échec apparent le plus cruel…

Lors des processions du Vendredi saint dans notre île, les chants traditionnels nous portent à nous unir aux souffrances du Christ et de la Vierge Marie, et à reconnaître amèrement notre péché, à cause duquel le Seigneur a été crucifié.

Mais au-delà de cette attitude douloureuse, la Passion de Jésus nous invite avant tout à la reconnaissance et à l’adoration. En effet, cet événement n’est pas qu’une sinistre mise à mort, où culminent le péché des hommes et le pouvoir de Satan ; il est d’abord le lieu de la victoire de l’amour, victoire du Christ à laquelle le Seigneur veut associer tous les hommes. Ici se révèlent le cœur du mystère de Dieu et la défaite définitive du mal. En mourant sur la croix, Jésus dit : « Tout est accompli. » (Jean 19, 30)

« Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde », proclame Jean Baptiste après avoir vu l’Esprit Saint descendre et demeurer sur Jésus au Jourdain (Jean 1, 29-33). Lors de son baptême, Jésus a accepté, en effet, d’être mis au rang des pécheurs. Ayant revêtu notre humanité, il s’est chargé de nos fautes, « il a pris nos souffrances, il a porté nos maladies » (Matthieu 8, 17). Jésus a ainsi manifesté son désir de s’unir à chaque être humain, pour le débarrasser du poids de son péché. Avec sa croix, il voulait nous porter tous sur ses épaules pour nous faire passer avec lui de l’infidélité à la sainteté, de la mort à la vie, comme le bon berger prend sur ses épaules la brebis égarée qu’il vient de retrouver (Luc 15, 5).

Dans les pires souffrances, souffrance physique, souffrance morale de l’abandon des siens et de l’échec apparent de sa mission, souffrance spirituelle du silence du Père (« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné » ; Marc 15, 34), Jésus est resté fidèle jusqu’au bout sans jamais donner prise au pouvoir de Satan. Comme le dit la première lettre de Pierre 2, 22-23 : « Il n’a jamais commis de péché ni proféré de mensonge ; couvert d’insultes, il n’insultait pas ; accablé de souffrances, il ne menaçait pas, mais il confiait sa cause à Celui qui juge avec justice. »

Aussi, avec saint Paul nous pouvons proclamer : « Il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix. C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout. » (Philippiens 2, 8-9) Jésus, fidèle jusqu’au bout de sa Passion, a remporté la victoire de l’amour et le Père l’a ressuscité d’entre les morts.

Par notre foi en lui, nous faisons partie des brebis qu’il porte sur ses épaules ; l’Esprit Saint nous unit au Christ, notamment dans le baptême, dans l’Eucharistie et le sacrement de Réconciliation. Devenus membres du Christ en Église, nous avons part, dès maintenant, à sa victoire sur le péché et sur la mort, comme enfants bien-aimés du Père ; l’Esprit Saint nous transforme peu à peu à l’image de notre Sauveur et nous rend capables de porter dans toutes nos épreuves la croix de la fidélité dans l’amour.

Voilà pourquoi nous sommes invités à célébrer la Passion dans une attitude de reconnaissance et d’adoration pour le Christ qui, « ayant aimé le siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout » (Jean 13, 1).

Par Jean-Yves Coeroli.

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